Christian BOLTANSKI

Les Suisses morts, 1989

Né en 1944 à Paris.
Tous les objets que Boltanski convoque dans ses dossiers, ses livres, ses collections, au-delà d’apparences modestes, confinant parfois à la dérision, sont les dépositaires d’un souvenir qui leur procure un fort pouvoir émotionnel. Qu’il présente ces objets sous forme de vitrines, d’archives, de réserves ou simplement d’expositions, il les met en scène dans l’espace, mais aussi dans le temps. Chaque objet nous replonge à sa manière dans le passé : le passé personnel, réel ou fictif, dramatique ou comique, de l’artiste, le passé d’un objet, ou le passé de l’humanité entière. Ce sont des reliques. Toutes les œuvres nous isolent du moment présent pour nous transporter dans un espace de méditation, voire de recueillement pour les pièces des dernières années qui s’articulent autour du thème de la mort.
Pour son travail intitulé Les Suisses morts, il a recensé depuis 1990 environ 7’000 photographies issues des rubriques nécrologiques parues dans les quotidiens suisses. «Je trouvais cela intéressant car les Suisses n’ont aucune raison historique de mourir et en cela, ils sont plus universels. Les Suisses, cela voulait dire : tout le monde meurt. C’était un travail sur la vanité : tous égaux, tous poussière. J’ai fait plusieurs livres avec leurs noms et j’ai même exposé au Musée cantonal des beaux-arts, à Lausanne. Mais cela fait quelques années que j’ai arrêté, car rien ne ressemble plus à un Suisse mort qu’un autre Suisse mort.» (L’Hebdo, “Christian Boltanski : J’aimerais mourir d’une mort lente”, Marie Maurisse, 10.12.2009)