Analix Forever
25, rue de l’Arquebuse, Genève
t +41 (0)22 329 17 09
www.analix-forever.com

Elisabetta Benassi, Shaun Gladwell, Tuomo Manninen, Andrea Mastrovito, Luc Mattenberger, Xavier Veilhan, Patrick Weidmann
Cars & Bikes

Vernissage 20 mai, 18h
21 mai – 20 juin

Nathalie Rebholz – Mat Collishaw

Vernissage 24 juin, 18h
ma–sa 14h-19h et sur rendez-vous

Après la beauté des hommes (Handsome, 2006, en collaboration avec Gianni Romano) et leur travail (Working Men, 2008, en collaboration avec Paul Ardenne), et avant de se plonger dans l'univers machinique (Machines Martiales, 2011-2012, en collaboration avec Paul Ardenne et Luc Mattenberger), la galerie Analix Forever s'intéresse à une autre activité éminemment masculine : le transport, la vitesse, les véhicules, et en particulier, les voitures et les motos, ces objets puissamment esthétisés, sexués, intégrés dans notre histoire, dans nos rêves et dans notre monde.

Auto-mobile : la mobilité autonome. Ejecté de l'utérus, son véhicule premier, ce moyen de transport primitif dans lequel il aura appris le balancement, l’intériorité, la chaleur, le déplacement protégé et sans effort, le petit d’homme ne va rêver que d’une chose : retrouver un moyen de transport à peu près équivalent. Il va dès lors construire des carrosseries plus belles, plus solides, plus résistantes, plus légères même que celle des femmes : voyez ces courbes, ce brillant, caressez ces carrosseries... Voyez les voitures enfouies sous la neige de Tuomo Manninen, Car Show 2, ces seins allusifs et si doux, dont les mamelons pointent parfois allégrement hors de leur laiteux environnement...
Sans oublier le moteur : le moteur c'est la vie même. La curiosité de l'homme pour le fonctionnement du moteur de la vie est sans fin, telles les explorations de Patrick Weidmann, agrandissant à l'infini de parties de ces moteurs comme pour essayer d'en percer le secret. L'utérus explosé du taxi américain photographié par Patrick Mimran (Taxi) se montre quant à lui crument, sans compassion, sans tendresse. Utérus explosé, point. Ciel de glace, banlieue de misère, solitude absolue, rien à dire.

Pour Luc Mattenberger, le moteur est passion ardente, passion absolue, culte immodéré de tout ce qui possède moteur. Il en aime le bruit, l'odeur, la forme, la fonction et ses dévoiements. Son Excavatrice bicylindre quatre temps ne semble attendre, pour repartir, que son maître, ou sa maîtresse.

La moto et ses équivalents ont cet immense avantage sur la voiture : la moto est bisexuée. Elle conjugue la dynamique du phallus aux tendres courbes des hanches féminines. Elle est puissamment aérodynamique - elle vole, d'ailleurs, comme la Ducati Desmosedici de papier de Andrea Mastrovito, laissant derrière elle une trace sensible comme une voie lactée incandescente et rouge. Elle bénéficie de multiples prolongements phalliques, tels ses pots d'échappement et sait bondir et vrombir tel un guerrier ou son cheval, mais elle a aussi un moteur visible, intégré, accessible, dans lequel on peut farfouiller à tout moment des yeux et de la main. Elle éveille une nostalgie de la fusion à nulle autre pareille.

Fusion exprimée dans la vidéo de Elisabetta Benassi, Time Code, la femme conduit, l'homme suit, fusion aussi entre Pasolini et Benassi, fusion du temps et des cultures, des mots et des images, des sexes et des générations ; fusion encore entre le chevalier mythique, le chevalier noir, aussi métallique que profondément sensible, et l'animal - entre la vie et la mort enfin, comme dans la vidéo de Shaun Gladwell, Apologies 1 – 6, une fusion existentielle que la voiture jamais ne saura représenter.
Cars & Bikes se veut un modeste hommage à la beauté machinique dans laquelle se reflètent constamment nos vies et nos rêves d'au-delà.

Plan de situation (Googlemaps)

Tuomo Manninen, Opel Corsa, 2010Tuomo Manninen, Opel Corsa, 2010