Edward HILLEL

“Reimann’s Café” vue de l’installation devant le Cinéma de Paris, Kurfurstendamm Str.
Berlin, 1999-2010, Vertical Reimann’s Café Photo Album, 1999-2010 / Pallbearers,
1999 / Once Upon a Time in Berlin, 2010

Né en 1953 à Baghdad, Irak, il a grandi à Montréal, Canada.
Après des études en science politique et philosophie, il travaille comme activiste politique et découvre la photographie. Il se lance en autodidacte dans le monde de l’art, en 1990, et partage son temps entre Paris, Montréal et New York. Edward Hillel a ouvert un espace d’art à Harlem en 2006. Son travail touche autant à la photographie, qu’à la vidéo, aux estampes, au dessin et à la sculpture. Il réalise des installations mêlant des médias divers, des archives et du found footage. Ses œuvres entremêlent les espaces publics et privés avec les souvenirs collectifs et personnels. Souvent, son travail implique des collaborations avec d’autres professionnels et a toujours une connotation éducative. Sa pratique prend la forme d’un “gesamtkunstwerk”, un engagement total avec le monde qu’il habite.
Le travail d’Edward Hillel montré dans l’exposition est la reconstitution d’une intervention dans l’espace public à Berlin. Le nom de ce café berlinois a donné son nom à l’œuvre. Le Reimann’s Café était bien connu dès les années 1920 et jusqu’à sa fermeture dans les années 1960. En 1931, il fut détruit, car ses gérants étaient juifs, puis bombardés lourdement pendant la guerre. Edward Hillel a installé son œuvre sur les vitrine de l’Institut Français de la Maison de France à Berlin. Il entre en concurrence avec les vitrines environnantes du quartier. Il questionne sur ce que l’on perçoit de la réalité et de la fiction, ce que l’on conserve de tels souvenirs dans notre conscience collective, est-ce qu’on les consomme comme des cosmétiques ou des voitures de luxe exposés dans les autres vitrines du plus fameux boulevard berlinois ? L’art est-il perçu comme une chose différente ?
Pallbearers, ou croque-morts, est une installation ambiguë qui cherche à familiariser le spectateur avec l’histoire de la ville. Le passé est un tas de pierres et des photographies de sites et de bâtiments du Berlin des deux dernières décennies. Des chaussures animées les portent dans la tombe sur un tissu écru. Plus loin, des images issues d’une vidéo consacrée à un ouvrier. On entend plutôt le marteau qu’il tient lors de son intervention sur la Potsdamer Platz qu’on ne le voit dans ses mains. Deux références temporelles, deux mondes représentés, deux impressions de vie. Le médium électronique immatériel incarne l’un, alors que l’installation constituée de matériaux du quotidien et de photographies d’archives semble être tout à fait démodée...

Edward Hillel : Pallbearers, 1999Edward Hillel : Pallbearers, 1999   Edward Hillel : ReimannEdward Hillel : Reimann's Cafe Photo Album, 1999-2010