Colloque – D’une archive à l’autre

4 et 5 juin
Centre de la photographie
Bâtiment d'art contemporain

28, rue des Bains

La construction d’une archive aujourd’hui n’est plus déterminée par la seule autorité des institutions d’Etat (Archives, Bibliothèques, Musées) qui conservent des savoirs authentifiés, vérifiés, selon des codes d’écriture spécifiques, mais l’archive devient de plus en plus un espace de pensée et d’expérimentation qui se « démocratise », produisant différents types de savoir, encore indéterminés, par de nouveaux dispositifs techniques, informatiques et numériques. En effet, d’un groupe de documents écrits, déposés dans des Archives officielles, qui tracent la mémoire d’une société pour l’écriture de l’histoire, l’espace des archives est devenu un lieu de sédimentation politique et sociale, ouvert aux différentes productions du savoir, et dont il faut désormais reconstituer l’histoire. Cette sédimentation doit donc se définir comme une construction culturelle, qui structure les identités à la fois individuelles et collectives d’une société. Et en ce sens, un fonds d’archives représente toujours l’ensemble des discours qui l’ont constitué, les intentions, les motivations, conscientes ou non, les interprétations aussi, qui ont décidé du choix des documents à conserver ou à détruire, et des modalités techniques d’enregistrement, mais aussi, parfois, de son contraire.
Inscrire des pratiques artistiques au coeur du débat et des études menés dans les sciences humaines ces trente dernières années sur le statut des « nouvelles archives » dans nos sociétés techno-industrielles, nous aura permis de montrer que ces pratiques apportent une lumière nouvelle sur les enjeux du débat. Si l’archive est devenue depuis une quinzaine d’années un enjeu pour des commissaires d’expositions dans le champ des arts plastiques, elle l’est devenue plus récemment dans le domaine de la photographie. Ainsi on trouve dans la pratique des « manipulateurs »* d’images non seulement un intérêt pour des archives qui existent sous forme de reclassement par exemple, mais aussi pour des archives à construire en vue d’un éventuel travail de mémoire.

Nous situons donc pour le colloque trois enjeux principaux :
1 / Le statut de la mémoire et de la transmission à l’époque du numérique
2 / La fonction du discours et du savoir dans la formation d’une archive
3 / le rôle déterminant de la technique dans l’archivage d’un événement

* artistes, photo-journalistes, activistes politiques, iconographes, etc.

Vendredi 4 juin — PENSER L’ARCHIVE
Matin — ARCHIVES ET TEMOIGNAGES

9h30 Ouverture : Yann Chateigné, Responsable de la Filière Arts Visuels, HEAD – Genève et Joerg Bader, curateur de LA REVANCHE DE L'ARCHIVE PHOTOGRAPHIQUE, avec Jordi Vidal
Introduction : Serge Margel, Claire de Ribaupierre, Christophe Kihm et Marie Sacconi, HEAD – Genève
10h Ariella Azoulay, critique d’art
11h Uriel Orlow, artiste
12h Serge Margel, philosophe, HEAD – Genève

Après-midi — ARCHIVES LIMITES / ARCHIVES FANTÔMES

14h Vincent Duclert, historien, EHESS
15h Andrea Cera, compositeur et musicien
16h Claire de Ribaupierre, anthropologue et dramaturge, HEAD – Genève
17h Mabe Bethônico, artiste

Soir — LiveInYourHead, vernissage de l’exposition Archivologie (Mariana Castillo Deball, Marie Sacconi, Christoph Keller, Andrea Cera et les Archives Philippe Artières

Samedi 5 juin — PRODUIRE DE L’ARCHIVE
Matin — LES ARCHIVES EN MOINS

10h Pierre Leguillon, artiste et critique, HEAD – Genève
11h Francesco Panese, sociologue des sciences, UNIL/EPFL, Lausanne
12h Christoph Keller, artiste

Après-midi — LES ARCHIVES SAUVAGES

14h Christophe Kihm, critique, HEAD – Genève
15h Christian Hottin, archiviste et conservateur, Paris
16h Marie Sacconi, artiste, HEAD – Genève
17h Projection : Nobody’s Business, d’Alan Berliner (USA, 1996) projection en présence de Sascha Bleuler, collaboratrice au programme de Visions du Réel, partenaire de l'événement.

Programme conçu et réalisé en collaboration avec la Haute école d'art et de design – Genève, dans le cadre d'un atelier mené avec les étudiants du master en Arts visuels WORK.MASTER, avec le soutien du Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique (FNRS).