Joachim SCHMID

Decisive portraits, 1998 / Very Miscellaneous, 1996

Né en 1955 à Balingen, vit et travaille à Berlin
Depuis 30 ans, Joachim Schmid s’accapare les photographies d’autres personnes et les utilise à ses propres fins. Cette tradition remonte aux Surréalistes qui achetaient des images sur les marchés et les présentaient comme des produits issus de leur inconscient. Le projet Pictures from the Street consiste en des photographies ramassées par l’artiste sur toutes les routes du monde entier depuis 1982. Sauvées de l’oubli, cataloguées et placées dans le contexte de la galerie d’art, ces images offrent de curieuses découvertes. Les histoires cachées derrière ces photos trouvées restent inconnues et c’est ce qui fait leur intérêt.
Un projet plus récent, Very Miscellaneous, est une sélection de portraits noir/blanc réalisés entre la fin des années 1920 et le début des années 1950 par George Garland, un photographe anglais pratiquement inconnu. Schmid a choisi de les présenter à côté de photographies de coupures de presse de journaux locaux de la même période. Comme spectateur, nous établissons un lien entre les histoires et les personnes représentées, malgré le fait qu’ils ne sont en rien reliés dans la réalité. Ce travail de comparaison lui est venu en observant que George Garland avait couvert à peu près toutes les activités de sa petite ville de province, bien au-delà de ce que les citoyens pouvaient lui avoir commandé. Cette frénésie de couvrir photographiquement toutes les activités d’une commune est confrontée par l’artiste avec des articles du journal local, rapportant des faits qui s’étaient produits dans sa petite ville à la même époque, mais dont le photographe George Garland n’avait pas pu couvrir l’événement.
Decisive portraits propose une autre démarche. Schmid s’est inspiré de portraits de soldats, réalisés par George Garland, en mai 1944, à Petworth, Sussex. Extraits du texte les accompagnant : “ils venaient des Etats-Unis d’Amérique, se retrouvèrent au sud de l’Angleterre, se préparèrent pour le grand jour. Ils ne prenaient aucune décision eux-mêmes, imaginaient leur vie après la bataille. On a pris leur photo avant leur départ, ils partirent le matin du 6 juin. Leurs portraits ont été conservés.”
Fondateur de l’Institut du recyclage des vieilles photos, Joachim Schmid oscille entre l’archiviste et l’activiste voleur d’images. Comme il l’explique, il ne prend jamais de photos, mais se contente de prendre celles des autres, peu importe qu’elles soient ratées, banales et anonymes. Il se constitue en recycleur de l’accumulation d’images parmi lesquelles « nous pataugeons ».

Joachim Schmid : Very Miscellaneous, 1996/1997Joachim Schmid : Very Miscellaneous, 1996/1997   Joachim Schmid : Very Miscellaneous, 1996/1997Joachim Schmid : Very Miscellaneous, 1996/1997