Lois HECHENBLAIKNER
Né en 1958 dans le Alpbachtal au Tyrol (Autriche).
Lois Hechenblaikner, se sentant trop à l’étroit dans sa terre natale, a voyagé surtout à travers l’Asie ( Inde, Burma, Vietnam, Nouvelle Guinée, Bhutan, Indonésie et Philippines) pour en rapporter des reportages photographiques qu’il présentait souvent sous forme de projection de diapositives, comme un photographe de voyage. Il était impliqué lui-même autant par son propre travail que par les activités de sa famille dans l’industrie du tourisme. Après plus de 20 ans de voyage, il a tourné son attention, depuis le milieu des années 1990, vers la destruction de sa région par le toursime de masse. De nombreux directeurs d’office du tourisme ont purement et simplement censuré son travail, interdisant l’exposition d’un passé à jamais révolu et d’un présent aux couleurs criardes.
Tout commence, pour Hechenblaickner, avec la découverte d’un fond de plus de 10’000 images du Tyrol datant des années 1936. Réalisées par l’ingénieur agricole Armin Kniely, originaire du Zillertal, une des vallées où les photos furent prises, elles constituent une extraordinaire archive visuelle de ce qu’était la vie agricole et villageoise des Alpes tyroliennes dans l’après-guerre. Skieurs, touristes et sportifs de tous crins ont désormais envahi les pentes enneigées, successeurs des paysans et des troupeaux. En juxtaposant les anciennes photos en noir et blanc aux images contemporaines de la montagne autrichienne, Lois Hechenblaikner assène un formidable uppercut. La juxtaposition des deux univers – guidée uniquement par des correspondances formelles – rend tout commentaire superflu. L’exploitation de tout un pan de la culture populaire montagnarde par une “marchandisation” des Alpes, passant par une vulgarité aux couleurs criardes, offre un contraste extrême dans la double projection qui structure le travail de Lois Hechenblaikner. Les images en noir et blanc sont censées, quant à elles, célébrer une supposée harmonie entre l’humain et la nature.