Michele DANTINI

The Granada Project, 2006-2008

Né en 1966 en Italie.
Situé quelque part entre l’étude anthropologique et le journalisme d’investigation, le travail de Michele Dantini se caractérise par une sensibilité ethnographique proche de la conception qu’a Félix Guattari de l’écologie avec ses trois dimensions subjective, environnementale et sociale. La connaissance se construit à travers un processus individuel dans lequel la conscience personnelle et la mémoire se confrontent à la culture locale et à la mémoire collective.
En mars 1979, un gouvernement marxiste révolutionnaire prit le contrôle de l’île de La Grenade dans les Antilles, renversant le gouvernement d’Eric Gairy. Le nouveau gouvernement, conduit par Maurice Bishop, tenta de transformer la population de l’île – constituée en majorité de paysans et de fermiers – en une unité révolutionnaire. Il rendit l’éducation obligatoire et gratuite, dispensa des soins médicaux, encouragea le patriotisme révolutionnaire. Bishop, chef du New Jewel Movement (Joint Endeavour for Welfare, Education and Liberation), était apprécié de la population et fit alliance avec l’ex-URSS et Cuba. En 1983, l’aile idéologique pro-soviétique du New Jewel demanda pourtant qu’il soit arrêté, organisa un procès qui conduisit à la mort de Bishop. Les Etats-Unis envahirent alors Grenade et imposèrent un gouvernement pro-américain, prétextant de l’instabilité de l’île. L’opération “Urgent Fury” fut mise sur pied par Ronald Regan.
The Grenada Project est une partie d’un travail en cours dédié à la reconstruction d’une archive historique et politique des tropiques, se concentrant sur les images et les textes concernant la période révolutionnaire qui dura 4 ans. Ce projet cherche à reconstruire de manière fragmentaire le contexte de l’Opération Urgent Fury, une tâche rendue difficile à cause de la disparition des souvenirs et de la fermeture des quotidiens, sur ordre des Américains, les jours qui ont suivi l’invasion. Les images montrent les collines de Frequenté près de St-Georges, la capitale, où les combats les plus sanglants se sont déroulés; l’aéroport de Pearls, construit grâce à l’aide soviétique et aujourd’hui à l’abandon; les membres du New Jewel Movement, Bishop en particulier; le camp de détention et de travaux forcés de Hope Vale, où furent détenus plus de 3’000 Rastafariens contraints de se raser le crâne...