Rosângela RENNO
Née en 1962 à Belo Horizonte, Brésil. Elle vit et travaille à Rio de Janeiro.
Le travail artistique de Rosângela Rennó remet en question la construction de l’identité unique avec l’outil de la mémoire comme catharsis collective. Elle utilise la photographie, le texte et la vidéo de différentes façons, pour créer une œuvre multiple autour de la représentation de la mémoire. L’artiste travaille dans la sphère publique en employant une attitude d’investigatrice de la réalité sociale. Mais avant d’intervenir dans l’espace public, elle commence à explorer son propre album de famille qui fonctionne, pour elle, comme un récipient où l’on met les “résidus de mémoire”, alors que la photographie a la fonction spécifique de rendre immortels ces résidus de mémoire à l’intérieur de la famille. Rennó met sa vie privée en première ligne, non seulement pour valoriser le passé historique et social du Brésil, mais, aussi, pour reconstruire sa propre expérience personnelle.
2005-510117385-5 est un livre d’artiste dont le titre fait référence au numéro du dossier de l’enquête criminelle menée par la police brésilienne après le vol de 751 photographies à la Bibliothèque Nationale du Brésil, à Rio de Janeiro, pendant une grève en 2005. Sur la centaine de photographies qui ont été retrouvées et ont réintégré la Bibliothèque, toutes ont été mutilées dans le but d’y faire disparaître le référencement propre à la Bibliothèque. Le livre créé par Rennò est un album photo où l’on ne peut voir que le dos des photographies. L’impossibilité d’accéder à l’image est une métaphore de la brèche creusée dans l’héritage visuel brésilien par ce vol. En sélectionnant des photographies historiques, prisées sur le marché de la photographie, les coupables, qui n’ont jamais été arrêtés, ont dérobé une partie de la mémoire du pays.