Sean SNYDER
(Index IR 3958_Iran / Election Protest), 2010
Né en 1972 à Virginia Beach, USA, vit et travaille à Berlin.
Faisant usage de photographies, vidéos et éléments textuels, les installations de Sean Snyder explorent différents aspects de l’espace urbain et de l’architecture comme signes de structures de pouvoir qu’il soit économique ou politique. Son travail rend compte des dominations médiatique, culturelle et télévisuelle d’information, notamment celle du journal télévisé. En produisant une séquence d’extraits décontextualisés, Sean Snyder souligne l’ambiguïté inhérente à ces brefs non-lieus intemporels. Son travail est une archive in progress qui traite d’une information qui n’était, au début, pas conçue pour être divulguée.
Sean Snyder s’emploie à émanciper le spectateur, à lui livrer les secrets de fabrication de ce monde et de ses images. Déconstruction des symboliques sociales, idéologiques et urbaines de ces non-lieux que sont les aéroports, MacDonalds et bases militaires désaffectées ; analyse de l’impact de l’archivage numérique sur le statut de l’image, mais aussi déstructuration des archétypes globalisants, de la pensée comme de l’architecture… Son travail se rapproche de celui, fondateur, du documentariste et plasticien berlinois Harun Farocki. Dans ses films comme dans ses installations vidéo, il parvient à examiner d’un même élan l’état du monde et le statut de l’image. Il effectue une analyse précieuse, un démontage savant, de la façon dont le monde peut être formalisé, formaté, contrôlé. Il ne craint pas de montrer et de démontrer, de monter et de remonter; de rappeler l’origine (une bombe !) des images dont on nous abreuvait pendant la guerre du golfe ; de démanteler les vidéos-surveillance, d’analyser les stratégies perfides de la consommation. Il exige du temps de la part du spectateur pour pénétrer entre les images.
Optics. Compression. Propaganda. est le titre générique d’une série d’expériences sur la malléabilité des images et la mécanique de leur production. Utilisant divers types d’archives et de médias, ainsi que des références à l’histoire du cinéma, de la photographie, la recherche tente de définir un vocabulaire cumulatif afin d’approcher le vaste rôle que jouent les technologies de l’image dans la construction de l’idéologie. The Carl Zeiss Archive fournit un cadre conceptuel au projet. Carl Zeiss AG est un groupe qui produit des instruments : microscopes, téléscopes, lentilles et toutes sortes de fournitures liées à l’optique. “J’ai sélectionné dans les archives une image noir/blanc (probablement des années 1920) d’un morceau cassé de verre optique brut (archive n° BII 03423). Documentée pour des raisons inconnues, cette image ne représente pas grand chose en soi. J’ai demandé l’archive pour la scanner à une très haute résolution (75,4 MB / 4461 x 5906 pixels). A la base de l’objet les mots ‘Glasbearbeitung: Schleifen versandfertig’ apparaissent (traitement du verre : poli, prêt pour l’expédition). J’ai soumis l’image à une série de permutations techniques, environ 4 processus différents. Les reproductions de la même image ont alors pris des caractéristiques variables et inattendues. Par exemple, les griffures et empreintes de doigt sur la surface du verre étaient beaucoup plus visibles avec l’image JPEG pour l’écran d’ordinateur que sur l’épreuve photographique, malgré la basse résolution de l’image.”
La vidéo présentée dans l’exposition a été conçue spécialement pour la manifestation. Elle est un sampling de photographies - des captures d’écrans de télévision - montrant sur un moniteur des photographies de citoyens iraniens prenant, durant les manifestations de l’été 2009, des photographies avec leur téléphone portable (rare document de la répression par l’état islamiste).