Silvie et Chérif DEFRAOUI
Silvie (*1935) et Chérif (*1932-1994) Defraoui ont commencé à travailler ensemble à Genève en 1975. L’œuvre qu’ils produisent revêt des aspects très variés et, dès le départ, ils développent des propos inédits et utilisent des techniques souvent inconnues pour l’époque. La relation à la photographie ainsi qu’aux documents - la collecte d’images médiatiques est récurrente dans leur processus de travail - la prédominance de la vidéo et l’utilisation de documents sonores sont des constantes dans leur œuvre. Leur travail s’inscrit dans un ensemble dont le titre générique est Archives du futur. Il s’agit d’une œuvre au titre paradoxal qui interroge les notions d’espace et de temps, mais, également, les notions de mémoire collective et individuelle. « C’est une œuvre construite dans la durée et la diversité. Avec le temps, ce travail a pris la forme d’une traversée dont les pièces constituent un moment particulier et dont les titres sont les boîtes noires qui les accompagnent. Ce sont les chapitres d’une mémoire organique. Si on lit les différents titres des Archives du futur, cela forme une histoire en soi, qui raconte le développement de ce travail depuis 1975. Un exemple : en 1975-76, nous travaillions avec Chérif sur les « lieux de mémoire ». Actuellement, je n’oserais plus utiliser cette expression. Elle a été tellement galvaudée depuis ! Idem pour Orient Occident, un cycle de travaux de 1981. Sauf qu’à l’époque, où le monde oriental était très mal compris et les tensions sous-estimées, ce thème nous semblait indispensable. Ce qui m’importe, c’est d’avancer dans mes propres expériences et de suivre l’évolution du monde qui m’entoure. » (Silvie Defraoui fait parler les ombres, interview réalisée par Olivier Kaeser et Jean-Paul Felley, Le Phare n°3)
La Route des Indes se compose d’objets, de photographies trouvées – en relation à des lieux étroitement liés à la vie personnelle des artistes – de certaines images de télévision, de mots et de concepts empruntés au journal de Christophe Colomb. La notion de « lieux de mémoire », entendue comme connaissance, naît de ce parcours artistique. Ce concept, chez les Defraoui, est lié à la notion de la camera oscura, avec sa projection inversée des images mentales. Leurs images insolites et familières à la fois font appel aux représentations d’un inconscient que nous partageons tous, à notre rapport au réel.
Passages présente des images noir/blanc tirées de journaux – “Cyclone”, “Les singes”, “La bataille”, “Les chevaux” etc... – qui, à travers la succession d’agrandissements, s’ouvrent à diverses interprétations.