Susan MEISELAS
Francisco Conference on March 20, 1945, 1996 / Susan
Née en 1948 à Baltimore (Maryland).
Entre 1972 et 1975, Susan Meiselas suit une troupe de strip-teaseuses ambulantes. Elle gagne leur confiance et saisit des scènes de leur quotidien. Un livre Carnival Strippers et des expositions résultent de cette immersion. Dix ans plus tard, elle retrouve certaines des femmes de cette époque pour apprécier ce que son regard a changé dans leur vie. Ce travail lui vaut d’être admise au sein de l’agence Magnum, en 1976.
En 1978 et 1979, elle couvre le conflit au Nicaragua durant deux longs séjours et rapporte des photos pour Times Magazine. Ces images constitueront la matière de son célèbre ouvrage : Nicaragua. Elle passe les années 80 à documenter les problèmes liés aux droits de l’homme, à travers l’Amérique latine. Elle retourne au Nicaragua, en 1991, pour tourner avec deux réalisateurs Pictures from a Revolution, qui retrace les vies de celles et ceux qu’elle avait photographiés lors de son premier séjour. A l’occasion de la première guerre iraquo-américaine, elle refuse de rejoindre le front et voyage durant des semaines à travers le Kurdistan iraquien et collecte des photographies. Elle rassemble ainsi des images qui racontent la première histoire illustrée du peuple kurde dans un ouvrage intitulé In the Shadow of History : Kurdistan, paru en 1997. Elle s’intéresse à l’histoire visuelle du peuple kurde, persécuté par les régimes irakien, iranien et turc. Sa démarche est innovante en ce sens que ses photographies passent au second plan. Elle recherche et met en ligne les photos de particuliers (akaKurdistan) pour constituer une mémoire collective. Un travail collaboratif et communautaire où son rôle tient plus de l’éditeur que du photographe. Susan Meiselas s’appuie sur une notion essentielle dans le domaine du photo reportage : le retour. Cette notion centrale, à laquelle la notion de temps est sous-jacente, revêt deux significations. Quand elle capture des images, elle cherche à remettre ensuite une photo aux protagonistes. Cette restitution des images prises aux participants, volontaires ou non, peut intervenir peu de temps après l’acte photographique ou dix ans plus tard. Cette forme de réappropriation de la photo singularise Susan Meiselas dans le paysage des photoreporters. Ainsi, son travail s’observe sur la durée, il ne s’agit pas simplement d’une vision instantanée, mais plutôt du travail du temps sur cette vision.