UMAM est une ONG qui a comme but d’évoquer la guerre civile libanaise (1975 à 1990) avec les moyens de la culture, que ce soit la littérature, le cinéma, les arts plastiques et autres. UMAM travaille aussi, depuis sa création en 2004, à l’archivage de la guerre civile, dans le but d’en éliminer au maximum toute fausse interprétation ou confusion. “Books from the Battlefield”(Livres du champ de bataille), l’actuelle exposition qui se tient au hangar, dans un quartier sud entouré de sympathisants et d’activistes du Hezbola, est “une exposition qui regroupe toutes les œuvres racontant d’une façon ou d’une autre les réalités de la guerre au Liban” précise Lokman Slim, fondateur et directeur d’Umam D&R. Certaines publications, dont les auteurs sont anonymes ou ont été assassinés, font également partie de l’exposition. Cette manifestation, organisée à Beyrouth en avril-mai 2010, marque le début des préparatifs logistiques destinés à rendre accessibles au grand public les archives documentées de la guerre civile libanaise, propres à l’association Umam Documentation and Research.
« L’esprit de documentation est quasi-absent des mentalités arabes », affirme Slim Lockman, ajoutant que les institutions libanaises concernées ne se donnent pas la peine de sauvegarder « la mémoire du pays », ainsi très souvent condamnée à l’oubli. Selon lui, l’un des rôles de Umam est ainsi également de faire revivre la mémoire du passé, pour tourner une nouvelle page « non pas en étouffant les blessures, mais plutôt en les soignant, tout en essayant d’y comprendre les causes et les conséquences qui en ont résulté ».
Missing est une initiative lancée par l’association Umam en 2008. A cette époque, on a bien parlé de 17’000 personnes disparues à l’époque de la guerre civile, mais les disparus restaient une entité abstraite. UMAM réussissait à recueillir 500 photos de disparus, auprès du Comité des disparus libanais, ou fruit de leurs propres recherches. Puis pendant deux ans, l’exposition a tourné dans tout le Liban, de Tripoli à Saida, en passant par Baalbeck ou Deir Al Qamar. Au fil du temps, la collection de portraits s’est agrandie, les familles apportant les photos de leurs disparus à Umam. Aujourd’hui, 650 photos sont rassemblées, et font de l’installation une exposition “in progress”. “Avec ces photos, nous voulons provoquer la discussion. Marcher entre les visages de disparus aide à visualiser” explique Monika Borgmann co-responsable de l’Umam.